Monsieur le Président du
Conseil National
de lOrdre des Médecins
Place de Jamblinne de Meux 34 35
1030 BRUXELLES
Bruxelles, le 06 août 2004
Objet : Plainte contre les Docteurs CM et B.D.
Monsieur le Président,
Par la présente, je porte plainte devant le Conseil National
de lOrdre des Médecins contre les Docteurs CM (
.
en qualité de remplaçant du Dr B.D.) et B.D.
(
Médecin généraliste à
1950 KRAAINEM
) pour faute grave par défaut de
prévoyance et de précautions ayant conduit au décès
de ma fille Mélanie CAILLIAU.
Ma plainte est motivée comme suit :
Ma fille Mélanie, née le 16 décembre 1981,
étudiante en 2ème année de licence à
lICHEC Bruxelles, a contracté la varicelle le
16 avril 2004 à lâge de 22 ans lors de son séjour
en Alsace. Sur place, elle a vu le médecin généraliste
de ses grands-parents qui lui a conseillé, à son retour
à Bruxelles, au moindre problème, de se faire suivre
par un médecin.
Se plaignant de fatigue et dessoufflement à leffort,
Mélanie a consulté au Cabinet du Dr B.D. de Kraainem
le 05 mai 2004. Elle a été reçue par le Dr
CM, remplaçant du Dr B.D.. La seule action du médecin
aura été celle de lui prescrire des Magnecaps Plus
Caps 60 et un arrêt de maladie de 3 jours.
Pour illustrer leffort physique effectué pour se
rendre à la consultation, Mélanie nous décrira
son déplacement comme comparable à un marathon.
Le 10 mai 2004, Mélanie contacte le Dr B.D. par téléphone
en lui signalant quelle faisait une rétention deau
(prise de poids de 5 kg passant de 50 à 55 kg), se plaignant
également de fatigue et dessoufflement à leffort.
Le Dr B.D., au courant de sa consultation du 5 mai, lui a indiqué
que cela pouvait effectivement être une suite de la varicelle
et quelle devait rappeler dans deux jours si cela persistait.
La conversation, selon le relevé téléphonique
de BELGACOM, a duré 2 minutes 51 secondes.
En Alsace, la marraine mise au courant de létat de
santé de Mélanie, voit le médecin généraliste
de famille et prend conseil auprès de lui. Ce dernier conseille
de faire rapidement un bilan, en particulier un bilan sanguin, reins,
créatinine, tension artérielle. Cette information
est retransmise à Mélanie.
Le 12 mai 2004, Mélanie rappelle le Dr B.D.. Elle lui parle
des conseils reçus. Elle se plaint toujours des mêmes
symptômes (fatigue, essoufflement, rétention deau,
mais moindre que le 10 mai). Le Dr B.D. lui dit que la rétention
deau ayant diminué, un bilan ne simposait pas
; il évoquera la prise dun diurétique qui, selon
lui, pourrait néanmoins accentuer sa fatigue. Aucune action
nest entreprise.
Toujours daprès le relevé téléphonique
de BELGACOM, la conversation a duré 2 minutes et 28 secondes.
Le 27 mai 2004 au soir, Mélanie appelle le Dr B.D.. Elle se
plaint de fatigue intense, dessoufflement au moindre effort,
de douleurs. Le Dr B.D. lui dit quil ne pouvait pas la recevoir
le jour même et remet au lendemain 28 mai à 16h15.
La communication aura duré 1 minute et 14 secondes selon
le relevé de BELGACOM. Mélanie se rend le lendemain
au Cabinet du Dr B.D.. Ne pouvant pratiquement plus marcher, elle
y est conduite par mon épouse qui assiste à la consultation.
Outre la fatigue, lessoufflement, Mélanie se plaint
de douleurs intenses au ventre et dans le haut du dos. Elle indique
que son dernier repas datait de laprès-midi de la veille
et quelle lavait vomi. Finalement, elle fait, en présence
du Dr B.D. et de mon épouse, une perte de connaissance. La
tension prise à ce moment était de 6.5.
Le Dr B.D. lui prescrit un arrêt de maladie du 28 mai au 1er
juin et des médicaments (« pour dénouer lestomac
» dit-il) Sulpiride 60, Pariet 10, Bionta Femina et Magnecaps.
Il lui remet une demande dexamens de biologie médicale.
Une hospitalisation, évoquée par mon épouse,
est rejetée par le Dr B.D. qui, sadressant à
Mélanie, lui explique que « dimanche tu iras mieux
et pourras toxygéner». Enfin, il explique ses
douleurs dorsales par « sa petite taille faisant que les intestins
pressent sur la colonne vertébrale provoquant ainsi les douleurs
» ! Mélanie mesurait 1.68m !
Le 29 mai aux environs de 03h00 du matin, moins de dix heures après
la consultation, la croyant inanimée, mon épouse et
moi-même avons transporté Mélanie aux Urgences
des Cliniques Saint-Luc - Bruxelles. Les médecins nont
pu que constater son décès.
Nous avons demandé la nuit même à ce quune
autopsie soit effectuée. ..........
Lautopsie indique que la cause du décès est
due à une myocardite, suite à la varicelle.
A lexposé des faits, tenant compte de ce que tout médecin
doit savoir quune varicelle à lâge adulte
peut avoir des complications sérieuses, il me paraît
évident quun médecin, confronté à
une patiente adulte venant davoir la varicelle, se plaignant
de maux (essoufflement, fatigue, rétention deau) indiquant
un dysfonctionnement cardiaque, aurait du mettre en uvre avec
diligence tous les moyens existants permettant un diagnostic fondé
et un traitement adéquat. Cela na jamais été
fait ; ni par le Dr CM, consulté une fois, ni par le Dr
B.D. consulté 3 fois.
Au contraire, au vu des durées des communications téléphoniques,
particulièrement celles des 10 et 12 mai, il apparaît
que le Dr B.D. se sera contenté dun interrogatoire superficiel,
quil naura pas tenu compte des indications données
par ma fille, quil aura rejeté lavis dun
confrère donné au même moment et dans des circonstances
strictement identiques. Il est non seulement resté inactif,
mais aura de plus rassuré ma fille sur son état de
santé (ce qui na pas poussé Mélanie à
consulter un autre médecin).
Ces fautes graves ont empêché notamment par
la non-mise en uvre de moyens la pose de tout diagnostic
exact et par voie de conséquence tout traitement approprié.
Elles ont finalement conduit, après une agonie dans la douleur,
au décès de ma fille Mélanie.
Cest pourquoi, je porte plainte en osant vivement espérer
que le Conseil de lOrdre des Médecins ouvrira une enquête
et que celle-ci lui permettra de mettre un terme à de tels
comportements.
Enfin, pour terminer sur des considérations dordre
plus humaines, jajoute quà ce jour, nous attendons
vainement mon épouse et moi-même, un geste quelconque
de la part du Dr B.D., voire du Dr CM. Ni lun, ni lautre,
à ce jour, naura fait preuve du moindre signe dhumanisme
suite au décès de Mélanie ; pas de carte de
condoléances, pas dappel téléphonique,
pas de visite
Plus particulièrement, en ce qui concerne
le Dr B.D., ce fait est révélateur de son attitude
plus que désinvolte face à la vie et à la mort
de ses patients, face à la détresse quil sème
dans les familles.
..........
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